LECTURE: Les biais cognitifs dans l'enseignement
Notes de lecture du livre de Samah Karaki, Le talent est une fiction1
Descriptif du livre sur le site de l’éditeur:
Si le talent comme capacité innée ne repose sur aucune réalité scientifique, il nous est difficile de renoncer à cette fiction. Pourtant, invoquer un ingrédient magique pour expliquer que certains échouent quand d’autres réussissent a des conséquences sociales terribles, creusant les inégalités.
À partir des dernières données de la recherche et en s’appuyant sur des figures
de la culture populaire, Samah Karaki, docteure en neurosciences, déconstruit
la fiction du talent et explore les mythes qui sous-tendent notre rapport à la réussite et au mérite, mettant au jour les multiples facteurs — sociaux, culturels ou individuels — qui permettent de développer des compétences hors du commun. Sans nier l’influence de l’hérédité sur les aptitudes, elle ne prétend pas non plus que tout le monde est capable de tout, mais invite à renoncer à la course à la performance.
Dans un monde obsédé par le résultat et la distinction, Le talent est une fiction est une réflexion sur le modèle de société auquel nous aspirons et, au-delà, une ode aux réalisations collectives, à la liberté et au plaisir.
Notes
De nombreux biais cognitifs sont à l’œuvre dans nos vies de tous les jours, et les enseignants ne sont pas différents des autres. Il me semble important de connaître certains d’entre eux dans nos pratiques pédagogiques.
L’effet Pygmalion
Les perceptions qu’ont les enseignants sur les enfants, et en particulier leur intelligence supposée font qu’ils ont un comportement différent avec les différents élèves.
Un bon élève aura, quoiqu’il arrive, plus d’attention de la part de l’enseignant. Les enfants considérés comme moins bons, seront moins bien placés ou n’auront pas les mêmes aides.
Théorie des quatre facteurs, Rosenthal
un modèle qui identifie quatre grandes catégories de comportements par l’intermédiaire desquels les enseignants traitent différemment (et plus favorablement) les élèves pour lesquels ils expriment des attentes élevées :
1) le contenu pédagogique et le mode de présentation des tâches d’apprentissage (input) ;
2) les sollicitations et opportunités d’expression octroyées aux élèves (output) ;
3) les réactions des enseignants aux prestations des élèves (feedback) ;
4) le climat socio-émotionnel des interactions verbales et non verbales avec les élèves (climate).
L’effet des croyances sur les pratiques pédagogiques
Les enseignants qui souscrivent à la théorie de l’intelligence fixe seront plus enclin à avoir des attentes rigides envers les enfants car ils pensent que le niveau général de l’enfant changera peu au fil du temps.
Ils remettront moins en question leur avis et ils pensent ne pas pouvoir controler la destinée des élèves car ils n’auraient pas le don nécessaire.
Ils auront tendance à protéger les élèves des difficultés afin de ne pas les destabiliser.
Le enseignants qui souscrivent à la théorie de l’accumulation progressive auront, eux, des attentes flexibles et seront plus enclins à faire en sorte que chaque enfant progresse à son rythme.
Ils porteront des jugements moins rapidement sur les enfants.
Ils conseillent plus facilement les enfants, en leur proposant non pas des feedbacks sur la finalité mais sur les efforts fournis ou sur l’engagement de l’enfant. Ces feedbacks permettront aux enfants de s’engager plus efficacement dans leurs tâches.
Feedbacks
Les feedbacks axés sur la stratégie et sur les questionnements qui favorisent la reflexion sur les processus et non pas sur la finalité sont plus efficaces que ceux basés sur la performance.
Les feedbacks basés sur le confort étaient liés à une plus faible motivation par rapport à ceux basés sur la stratégie.