En éducation, les professionnels parlent souvent d'autonomie, souvent en désignant un enfant qui ne serait pas autonome, car il ne ferait pas ce qui est demandé.

Cela est un problème selon moi, car que met-on derrière ce terme devenu générique. Bien souvent, il est attendu des enfants qu'ils fassent ce qui est souhaité par l'adulte, dans les temps impartis pour qu'un élève soit qualifié d'autonome. Une sorte d'autonomie pratique, souvent inconsciente, ou en tout cas non explicite.

L'autonomie

Il me semble qu'il est très important de redéfinir ce terme.

Un enfant est autonome quand il n'a pas besoin forcément de l'adulte pour expérimenter, ou comprendre. Dans la classe, l'enfant devient autonome quand il a compris les objectifs attendus, et qu'il n'a pas besoin de solliciter l'adulte pour les atteindre. Il peut s'emparer de tous les outils à sa disposition pour y parvenir.

Cela change le paradigme, car cela devient un apprentissage à part entière et non quelque chose qui s'acquiert "naturellement". Un enfant autonome saura éviter les sollicitations parasites, connaitra les outils indispensables pour la réussite de sa tâche, saura se détacher de ses envies immédiates. Cet apprentissage prend du temps, beaucoup de temps.

Dans la classe

Pour travailler l'autonomie, telle que je la conçois dans la classe, j'utilise plusieurs outils.

1. De quels outils ai-je besoin?

Avant de commencer toute activité, on prend un temps dans la classe pour préparer le bureau de travail. On réfléchit collectivement au matériel nécessaire, on le note au tableau et chaque enfant ne prépare que le strict nécessaire sur son espace de travail. L'objectif est de vider l'espace des objets qui pourraient détourner l'attention et d'aider l'enfant à se concentrer sur sa ou ses tâches.

2. Les degrés d'autonomie

Au moment de valider le plan de travail, les enfants se voient attribuer un degré d'autonomie qui va de 1 à 3. Autonomie 1, l'enfant a besoin de l'adulte dans son travail. Il a besoin d'aide pour s'organiser, savoir quoi faire, quel outil utilisé. Il est fortement guidé par l'adulte. Autonomie 2, l'enfant commence à comprendre les tâches qui lui sont demandées, sait où trouver les outils, mais ne les utilise pas tout le temps. Il est guidé, mais de manière moins suivie. Autonomie 3, l'enfant sait où trouver les outils pour l'aider, l'enfant sait quoi faire. Il n'a pas ou peu besoin de l'adulte. Le suivi est plus espacé.

Les critères sont décidés avec les enfants en début d'année, avec des impératifs donnés par l'adulte: tâches à accomplir, temps imparti, utilisation des outils (notamment le plan de travail).

3. Le plan de travail

C'est un outil permettant à l'enfant de s'organiser. Il est défini à l'avance par l'adulte et en concertation avec l'enfant. Il contient une partie de tâches personnelles, décidées par l'enfant, qui lui permettent de s'approprier certaines notions à apprendre. Il se modifie au fil des besoins du groupe classe.

4. Les responsabilités

Des responsabilités sont à attribuer au sein du groupe classe. Elles sont définies selon les besoin du groupe, en discussion. Elles peuvent être éphémères ou permanentes. Elles permettent aux enfants d'appréhender l'espace classe, de s'en saisir et ainsi de se mouvoir plus facilement au sein de la classe et ainsi s'approprier l'espace, étape indispensable pour être autonome.

5. Les fichiers auto-correctifs

Ces outils permettent à l'enfant de choisir son chemin dans ses apprentissages.

L'enfant prend le pouvoir

Être autonome rend puissant et indépendant. Cette autonomie lui permet de se sentir fort, bien dans la classe. C'est une grande partie du travail qui est faite pour l'enfant. Car quand il est en autonomie 3, l'enfant sait pourquoi il travaille, où il doit arriver et comment y arriver. L'adulte devient un outil comme un autre qui peut l'aider à se dresser plus haut.

Pour aller plus loin

Emmanuel H.